Qu’est-ce qu’est l’attachement ?
Si l’on regarde l’étymologie du mot « attaché », on trouve le verbe estachier qui existait au XIème siècle et qui voulait dire « attacher à un pieu ou faire tenir une chose à l’aide d’une attache et d’un lien ». Ici ce premier sens du mot « attaché » est très important et il est pertinent surtout par rapport à la compréhension de ce qu’est le phénomène de l’attachement que nous allons explorer.
Il nous renvoie justement à cette notion de soutien, de développement de l’être humain, de son évolution et de son existence. Et justement, il est beaucoup plus pertinent que le sens courant qui est donné à l’attachement, quand on dit : « je suis attaché » ou « je m’attache à elle » parce qu’il y a toujours cette connotation qui renvoie au sentiment amoureux, à l’affection, à la sympathie et au plaisir d’être ensemble, voire à une dépendance. Et bien que tout cela fasse partie aussi de la relation avec une personne, de l’attachement que l’on peut avoir vis-à-vis d’une personne, bien que ces éléments aient leur place dans l’attachement mais le sens premier du concept de l’attachement, quand on parle bien évidemment d’attachement comme d’un phénomène psychologique, est complètement différent.
Il est complètement différent parce qu’il s’agit surtout d’un besoin fondamental qui est biologiquement programmé. Et cela veut dire quoi ? Cela veut dire que nous sommes biologiquement programmés, génétiquement programmés pour nous attacher à l’autre et c’est une question de survie. Et donc, le sens courant du mot « attachement » est plutôt périphérique par rapport à ce que nous allons étudier.
On dit aussi que c’est l’attachement qui permet l’existence d’une base de sécurité, qui est la base pour explorer le monde. Cela devient le tremplin pour affronter les défis de la vie et les crises de la vie. C’est aussi une base pour négocier les conflits et un facteur de résilience. Lorsque l’on parlera des personnes adultes et de l’attachement dans la thérapie dans le module 2 de cette formation, vous constaterez qu’il y a une grande différence entre une personne qui a cette base de sécurité et une personne qui n’a pas cette base de sécurité. On voit une différence dans la façon dont la personne aborde les difficultés de la vie, les crises de la vie mais même les situations quotidiennes, les situations qui sont perturbantes, qui sont difficiles à gérer. Quand on a cette base de sécurité, c’est à partir de là qu’on va pouvoir affronter n’importe quelle situation stressante. Et cela veut dire que l’on a déjà cette possibilité de négocier et notamment négocier à travers le dialogue avec l’autre et que l’on part d’un lieu sûr, d’un lieu sécure pour pouvoir affronter quelque chose de difficile. Alors qu’une personne qui n’a pas cette base de sécurité est déjà dans cet état de stress. Donc, même un événement qui n’est pas très élevé en termes de stress va provoquer des déséquilibres encore plus forts chez elle. Et c’est ainsi que les personnes qui ont un attachement sécure, en général, sont beaucoup plus réactives. Bien évidemment, les personnes évitantes seront moins réactives et ne vont pas le montrer mais elles vont être tout aussi déséquilibrées.
Des études ont démontré justement comment un attachement sécure permet une aisance sociale, une stabilité de l’attention, la curiosité, la capacité d’exploration, démontré aussi comment il permet cette capacité d’autorégulation – comment je régule mes émotions et notamment face à un déclencheur de stress.