C’est un modèle qui se construit avant 6 ans, qui devient ensuite automatique. C’est comme un filtre qui épure en permanence nos perceptions et qui détermine nos comportements à notre insu mais, par contre, ce n’est pas un modèle immuable. On a dit que c’est revisité tout au long de la vie. Les expériences peuvent être réajustées. Seulement, chez les personnes avec un attachement sécure, ce sont les modèles qui se diversifient et s’enrichissent facilement alors que dans l’attachement insécure, c’est beaucoup moins perméable mais pas imperméable non plus. Par exemple, une expérience d’attachement sécure avec un partenaire va changer ce modèle opérant. Et on a dit aussi, même l’enfant, en fonction de son tempérament, de ses réponses, va changer le modèle opérant, le modèle d’attachement de son parent.
En quoi consiste le modèle sécure? Que se passe-t-il ? Si cela ne va pas, quelles sont les croyances ? J’ai le droit de ressentir que ça ne va pas, parce que je vaux la peine, je mérite d’aller mieux. Donc, je peux déjà chercher pourquoi je souffre. Il existe des personnes à l’extérieur qui pourront supporter de me voir vulnérable, de me voir mal mais qui peuvent me réconforter, qui peuvent m’aider et qui ne vont pas me rejeter, qui ne vont pas déformer mes propos, qui ne vont pas être indifférents. Du coup, c’est moins difficile finalement parce que j’ai cette aide pour explorer, pourquoi je vais mal et pour trouver des solutions. Ceci est le modèle sécure.
Maintenant, que se passe-t-il dans le modèle évitant ? Je ne ressens jamais la tristesse, je ne ressens jamais la détresse, je cherche à me débrouiller par moi-même car je ne peux pas compter sur les autres. Donc, je porte mon intention sur tout ce qui m’éloigne de la perception de ma détresse, c’est-à-dire que je vais me faire distraire, je vais penser à autre chose, je vais ignorer mes signaux internes de détresse, je ne demande jamais rien et je ne compte que sur moi-même parce que je pense que l’autre est indisponible, il n’est pas là pour moi. Finalement, je n’ai pas cette ressource, je n’ai pas cette confiance dans l’autre et confiance dans ma propre valeur pour aller chercher ce qui ne va pas et pour chercher des solutions pour le résoudre.
Dans l’attachement anxieux, on retrouve le fonctionnement suivant : je ne sais jamais si je peux compter sur les autres, c’est-à-dire que je suis dans cette ambivalence. Je me sens tellement imprévisible et décevant, je me sens tellement dans le besoin des autres et tellement en colère contre eux parce qu’ils m’infligent cette déception. Donc, il y a cette ambivalence qui persiste et à la fois il y a ce mouvement, je vais chercher l’autre mais je vais le chercher avec des reproches. Et finalement, c’est un peu le serpent qui mord sa queue parce que si je vais le chercher avec des reproches en tant qu’adulte, l’autre va peut-être se sentir agressé et va être moins à même à répondre à ma demande, et ainsi, je vais avoir la confirmation de cette croyance qu’il ne sera pas disponible, que je ne peux pas compter sur lui ou qu’il est imprévisible. Donc, je me concentre seulement sur la manière dont je peux attirer son attention mais je n’ai plus de disponibilité pour explorer et je sais que je ne peux rien faire par moi-même. L’autre caractéristique de cet attachement ambivalent, c’est que je ne crois pas à mes propres ressources. Non seulement les autres sont imprévisibles mais moi-même, je ne me fais pas confiance, c’est-à-dire que je ne peux pas aller regarder ce qui ne va pas, donc je vais me concentrer vraiment dans cette recherche de l’autre alors que je ne peux même pas vraiment en profiter, je ne peux pas en profiter pour m’apaiser et pour pouvoir justement mettre en place des solutions.