Travail multicuturel : déracinement comme catalyseur de changement
La migration implique le changement de pays, de langue, d’entourage, de façon de faire et aussi de façon d’être. Elle soulève des questions tant au niveau individuel qu’au niveau familial, voire transgénérationnel.
Sur le plan individuel, l’expat le sentiment de ne pas être une personne entière, d’avoir laissé derrière une partie de soi-même, d’avoir vécu une rupture, une perte, d’avoir besoin de com-prendre (« saisir ensemble » ) ce qui s’est passé avant et ce qui se passe maintenant.
Au niveau familial, on rencontre des conflits entre les parents et les enfants articulés autour des enjeux de l’intégration qui peut parfois sembler remettre en cause le particulier, le différent, l’étranger en nous.
Du point de vue transgénérationnel, peut se faire jour une envie de com-prendre, de remettre ensemble les morceaux de différentes histoires familiales pour les intégrer dans sa propre histoire. Parfois, il y a là des énigmes, des placards ou plutôt des caveaux enfermant les secrets qui appartiennent à une autre vie mais qui influencent la nôtre.
La migration, ainsi entendue, implique des enjeux immenses tant par les changements qu’elle impose au sujet, que par le potentiel qu’elle lui ouvre.
Ce potentiel est au centre de mon approche thérapeutique multiculturelle. Etre “déraciné”, “transplanté” sur un nouveau sol présente de nombreux avantages à celle ou celui qui sait les trouver et les utiliser.
L’approche que j’utilise s’est développée à partir de la formation en anthropologie médicale au centre Minkowska et en psychologie transculturelle avec Marie-Rose Moro, de mon travail de recherche mais aussi de mon propre vécu dans différents pays (Russie, Allemagne, Etats-Unis, France, Norvège) qui m’a permis de me mouvoir dans l’espace de plusieurs langues et cultures.